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27/11/2010

[TV Meme] Day 15. Favorite female character.

Le TV Meme se poursuit en explorant donc les figures téléphagiques qui nous ont marqué. Si la semaine dernière, j'avais eu toutes les peines à dégager un seul personnage masculin, aujourd'hui, la réponse s'est imposée comme une évidence. Je ne dis pas que je n'aurais pas pu en citer d'autres qui l'auraient, sans doute tout autant mérité, de CJ Cregg (The West Wing / A la Maison Blanche) à Veronica Mars (Veronica Mars) - oui, j'ai toujours eu un faible pour les femmes de tête. Cependant, en passant rapidement en revue toutes celles qui me venaient à l'esprit, un choix m'a immédiatement paru sans discussion à la lecture de ce thème.

Cela semble d'autant plus approprié que ce jour du TV Meme ne pouvait sans doute guère mieux tomber. En effet, hier, lorsque sont arrivés les premiers flocons de la saison, comme chaque année, je me suis remémorée un instant l'émerveillement enfantin que manifeste la figure féminine à l'honneur, aujourd'hui, à chaque retour de ce glacé manteau neigeux, et j'ai moi-aussi murmuré : 

Welcome, friend...

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Lorelai Gilmore

Gilmore Girls (2000 - 2008 ; WB, puis The CW)

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Lorelai et moi partageons un seul point commun, une addiction profonde à la cafféine qui m'a probablement, dès la première scène de la série, instinctivement rapproché d'elle. Pour autant, dans Gilmore Girls, le phénomène d'identification aux personnages a toujours été limité, en ce qui me concerne, à Rory. Parce que je partageais plus d'un trait de caractère avec l'adolescente aimant bouquiner et rêvant de grandes études, et aussi parce que j'ai en quelque sorte grandi avec elle, puisque nous avions "fictivement" le même âge. Mais si j'ai toujours apprécié Rory, en dépit de ses prises de décisions et choix qu'elle a pu faire en grandissant, le personnage phare de la série est toujours resté à mes yeux la figure incontournable de Lorelai.

Par son extrême vitalité, son énergie toujours débordante, son tempérament bien trempé, son pragmatisme prêt à entrer en action en toute circonstance, il est impossible de ne pas vénérer cette self-made woman capable d'illuminer l'écran, comme de toucher profondément le téléspectateur. Lorelai pétille et s'impose dans chaque scène où elle apparaît, avec son charme naturel et spontané, souvent désarmant, et son débit de paroles vertigineux. Et puis, l'interprétation de la génialissime Lauren Graham (actuellement dans Parenthood) n'est sans doute pas non plus étrangère à cette image que renvoya pendant 7 saisons un des plus entraînants personnages du petit écran qu'il m'ait été donné de croiser.

20/11/2010

[TV Meme] Day 14. Favorite male character.

Choix excessivement cornélien en ce 14e jour du TV Meme. Comment espérer choisir parmi toute cette galerie si riche et si dense qu'offre le petit écran, une seule figure masculine emblématique qui s'imposerait comme ma favorite ? On combine ici une part de rationnel, mais aussi un profond affectif, fluctuant au fil du temps. Mon parcours téléphagique a été marqué par plusieurs rencontres qui sont restées gravées dans ma mémoire. Cependant, à la différence de la figure féminine, aucune ne s'impose rétrospectivement comme une évidence en ce jour, tant ils n'ont rien en commun, si ce n'est d'avoir correspondu à une époque de ma passion.


D'un point de vue chronologique tout d'abord, en y réfléchissant bien, aussi loin que remonte ma mémoire téléphagique, je pense que le premier personnage à avoir su me fasciner était une figure relativement secondaire qui n'est pas apparue dans tant d'épisodes que cela de la série en question (mais, grâce aux multiples rediffusions dont elle fit l'objet, je m'étais enregistrée sur VHS une sélection intégrale de tous les épisodes où il apparaissait - et uniquement ceux-là). Par l'ambiguïté inhérente à son comportement toujours très versatile, tranchant avec la tonalité globalement manichéenne de la série (cf. Les cavaliers de l'Apocalypse), par sa complexité que nous n'étions pas toujours en mesure d'appréhender et l'aura mythique qu'il savait si bien exploiter, le premier personnage de série à m'avoir proprement fasciné fut Methos, dans Highlander. C'est d'autant plus vrai que c'est par ce fandom que j'ai découvert, durant mon adolescence, le phénomène chronophage, mais ouvrant tant de perspectives, des fanfictions. Paradoxalement, j'ai sans doute passé plus de temps à lire ces histoires anglophones qu'à regarder la série en elle-même. Mais la qualité d'écriture de certaines avait cette caractéristique propre à une poigne de séries dans lesquelles certains fans sont capables de dépasser les limites de la fiction d'origine, pour proposer des explorations dans la mythologie globale créée absolument fascinantes. Au-delà des épisodes de Highlander dans lesquels il est apparu, c'est peut-être aussi le personnage de ces fanfictions si réussies que j'ai gardé en mémoire, dont certains auteurs se sont pleinement réappropriés tous les mystères pour construire véritablement cette légende autour de Methos.

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Puis les années 2000 sont arrivées. J'ai grandi devant le petit écran, en confirmant peut-être cet attrait naturel pour des personnages qui n'étaient pas principaux. Etait-ce un moyen inconscient de laisser à cette figure fictive une part de mystère, des non-dits qui laissaient place à la libre imagination du téléphage, à la différence des protagonistes principaux dont la série va s'attacher à nous dresser un portrait plus détaillé, qui versera moins dans le suggestif et pourra donc peut-être plus décevoir les attentes à terme ?

Dans cette optique, il est un personnage qui a fait plus que me fasciner, un incontournable du petit écran : il s'agit d'Omar dans The Wire (Sur Ecoute). Acteur atypique des rues de Baltimore, défiant bien des conventions et à l'indépendance chèrement défendue, il traversera la série en figure solitaire, attaché à son propre code de l'honneur et à ses valeurs. Un outsider, faux héritier de cette tradition des justiciers hors-la-loi du Far West dans ce violent décor citadin, qui gardera jusqu'au bout cette aura atypique et dont la mort, chargée de ce goût amer de l'anecdotique, sera à l'image finalement du parcours du personnage.

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Mais aujourd'hui, mon personnage masculin favori... Celui qui est en mesure de me faire passer par tous les états, du rire aux larmes, du plus léger des passages comiques à l'émotionnel intense d'une scène bouleversante... Cette figure dont la part d'idéalisme profondément humaniste, toujours chevillée au corps, se complexifie et se nuance par son passé et sa nature de Time Lord, c'est bien sûr le Docteur (Doctor Who). Capable de faire preuve d'une compassion et d'une tolérance inaltérables, mais aussi d'être parfois impitoyable, c'est un personnage au potentiel presque sans limite qui s'offre aux scénaristes. Si je ne l'ai rencontré qu'à partir de Nine, ce dernier, puis Ten, et enfin Eleven, ont tous su me conquérir. Chacun incarnant l'esprit de ce Seigneur du Temps tout en introduisant des spécificités personnelles propres à chacun. Et si je "trichais" en choisissant de faire d'eux ce qu'ils sont par la continuité de cette fiction, c'est-à-dire une même figure ? Car c'est, à chaque régénération, une nouvelle facette de ce personnage fascinant, immuable par certains aspects, toujours marqué ses mêmes blessures passées, tout en étant en constante évolution, se construisant et se reconstruisant au fil de ses rencontres, qui nous est proposée. Et si la source de cette fascination venait aussi de là : de ces possibilités infinies ainsi ouvertes, au-delà même de ces lignes temporelles troublées qui l'entourent ? La magie du concept de Doctor Who n'est-elle pas aussi de savoir justement défier le temps ?

Cette scène où Eleven (Matt Smith) clame en quelque sorte son héritage pour s'imposer comme le nouveau Docteur, lors du premier épisode de la saison 5, résume, à mon sens, à merveille toutes ces dimensions qui font de ce personnage mon favori actuel :

Doctor Who, S5 E01, Eleventh Hour
"Is this world protected ?"

13/11/2010

[TV Meme] Day 13. Favorite childhood show.

Ce jour du TV Meme m'a posé un irréductible problème d'interprétation. Dans sa période considérée tout d'abord, comment comprendre le terme "enfance" ? Mais aussi pour savoir à quel type de "show" devait-on faire référence : seulement les séries, ou bien fallait-il inclure les dessins animés ? Un rapide tour d'horizon sur la toile m'aura appris que chacun a adapté suivant ses particularités ce jour du TV Meme. Si bien qu'en ce qui me concerne, restant toujours strictement dans le domaine des séries télévisées "live", j'ai décidé de considérer arbitrairement que l'enfance s'étendait jusqu'à 10 ans. La question était donc de savoir quelles séries je pouvais regarder à une époque dont, je l'avoue, il me reste surtout des souvenirs très flous pas forcément rigoureusement chronologiques.

Quelle fut donc ma série préférée avant l'âge de 10 ans ?

Quand j'ai progressivement dépassé le stade des seuls dessins animés, ce fut d'abord pour des séries plus anciennes. La télévision n'étant pas la bienvenue à la maison, c'était de manière sporadique que j'entrevoyais cette culture. Je me rappelle de midis passés devant La petite maison dans la prairie (repère inaltérable qui transcende les générations). Mon père ayant vaguement pris en charge une esquisse d'éducation téléphagique indirecte, il entreprit de redécouvrir avec moi les années 50-60 : de  Zorro aux Aventures de Rintintin, en passant par Au nom de la loi, ce furent donc mes premières séries télévisées. En résumé, les fondations de ma téléphagie furent basées dans le Far West..

Parallèlement, m'émancipant peu à peu, je me souviens que j'éprouvais déjà une certaine fascination pour les aventures télévisées lointaines. Aussi loin que je puisse remonter, le premier gros coup de coeur téléphagique qui m'est resté en mémoire est une mini-série que nous avions eu la bonne idée d'enregistrer sur une VHS que j'ai longtemps chérie, et qui se nommait Deux ans de vacances. Une adaptation d'un roman de Jules Verne que j'ai dû regarder jusqu'à en connaître les moindres dialogues. Parmi mes autres références de l'époque, il y avait également Rémi sans famille (la mini-série, pas le dessin animé).


Le thème musical du générique Deux ans de vacances (1974) :

La version des paroles est tchèque, mais la vidéo propose quelques images de la série.
Le générique français était le suivant : Lien vidéo.


Cependant, ma série préférée d'avant mes 10 ans est à rechercher dans les fictions contemporaines à cette période. A l'époque, les séries phares du milieu des années 90 (Lois & Clark et autres Highlander) n'avaient pas encore pris leurs quartiers sur M6, mais c'est pourtant sur cette chaîne que j'ai découvert, par moi-même, la première série pour laquelle j'allais volontairement abréger mes nuits (soit le symptôme typique d'une téléphagie en gestation). Une série qui a pu me faire lever aux aurores à la maison certains jours, qui m'a appris les rudiments du décryptage de programme télé pour en suivre la diffusion parfois un peu aléatoire, et qui m'a même fait comprendre un certain nombre de ressorts des adaptations littéraires à la télévision, puisque tous les romans de Walter Farley figuraient depuis bien longtemps dans ma bibliothèque...

N'empêche que, j'aurais été mes parents, je me serais sans doute méfiée dès ce moment-là des risques de glissements téléphagiques de leur fille.

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L'étalon noir (The Adventures of the Black Stallion )

(1990-1993)

 


Il ne me reste de cette série que quelques fugaces images de scènes hors contexte et surtout une indéfinissable et profonde nostalgie, commune à toutes ces fictions qui ont bercé et marqué nos premières années de téléphagie et de conscience balbutiantes. J'éprouve toujours un petit pincement au coeur lorsque les paroles de la chanson du générique - que je connais encore intégralement - retentissent.

Sans doute mon attrait pour cette histoire d'amitié, pour cette aventure profondément humaine, fut pour partie conjoncturel, finalement reflet de goûts d'une confondante banalité. Le début des années 90, c'était l'époque où, dans mes lectures, je dévorais Mon amie Flicka, L'herbe verte du Wyoming et autre Crin-Blanc. J'ai aussi pratiqué l'équitation pendant plusieurs années. L'Etalon Noir avait en plus l'avantage d'être diffusé à un des rares moments où je pouvais prendre le contrôle de la télévision... Nous étions donc faits pour nous recontrer.

Au final, j'en garde de tendres souvenirs et presque une certaine mélancolie, ne regrettant pas un seul instant qu'elle m'ait accompagnée en ces prémices - indispensables en bien des façons - d'une passion pour les séries qui se confirmera dans les années qui suivirent.

06/11/2010

[TV Meme] Day 12. An episode you’ve watched more than 5 times.

Mine de rien, en réfléchissant sur ce 12e jour du TV Meme, je me suis rendue compte qu'il y avait finalement beaucoup d'épisodes de séries que j'ai pu regarder de manière quasi-compulsive ou que je visionne encore régulièrement de façon ritualisée. En fait, pour la plupart de mes séries préférées - et même au-delà -, j'ai toujours un, deux, voire trois épisodes clés, dans lesquels je vais naturellement lancer lorsqu'il me prend l'envie soudaine de renouer avec tel ou tel univers.

Immédiatement, me viennent à l'esprit les Celestial navigation (1.16), Noel (2.10), Election Night (4.07) ou encore 2162 votes (6.22) pour The West Wing (A la Maison Blanche). Mais j'ai également dû revoir plus d'une dizaine de fois le pilote de Deadwood. Et combien d'épisodes de Gilmore Girls, ma fiction anti-déprime par excellence, de They shoot Gilmores, don't they ? (3.07) à The Lorelais' first day at Yale (4.02), visionnage rituel de chaque rentrée universitaire ? Au-delà de ces valeurs sûres, de Severed Dreams (3.10) de Babylon 5 à Liars, Guns and Money (2.19 à 21) de Farscape, en passant par Collaborators (3.05) de Battlestar Galactica, ou encore Passover (2.01) de Rome... tant d'épisodes "cultes" à mes yeux. Tant de moments qui ont construit ma sériephilie. Ce ne sont pas forcément les meilleurs, ni les plus aboutis qualitativement parlant, mais ce sont ceux qui, inconstestablement, me procurent le plus de plaisir devant mon petit écran. Ceux à la fin desquels me prend soudain une folle envie de me lever et d'applaudir.

Pour aujourd'hui, mon choix s'est finalement arrêté sur un double épisode dont je connais désormais presque par coeur les lignes de dialogues, qui concerne une autre de mes séries fétiches : Doctor Who.

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Doctor Who
2.12/13 - Army of Ghosts / Doomsday

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Certes, j'aurais pu citer d'autres épisodes de Doctor Who, notamment Silence in the Library (4.08) qui est sans aucun doute le double épisode que j'ai le plus revu sur l'ensemble des cinq saisons qui composent à ce jour la série. Cependant, c'est sur Doomsday que j'ai choisi de m'arrêter. Pourquoi ?

Parce que cette conclusion la saison 2 symbolise à mes yeux tout ce qui fait de Doctor Who une fiction à part. Je confesse avoir regardé les deux premières saisons de manière très chaotique, entre difficultés techniques et mauvais timing, ce ne sera qu'ultérieurement que j'aurais l'occasion de revoir la saison 1 et une partie de la saison 2 dans des conditions acceptables (et accessoirement dans l'ordre). Mais, même si j'y suis parvenue de façon compliquée, ce final représente pourtant un véritable tournant dans la relation particulière que j'entretiens avec Doctor Who. C'est le moment où je suis réellement tombée amoureuse de cette série, où elle a cessé d'être un simple divertissement de science-fiction comblant le vide actuel du paysage téléphagique en la matière, pour devenir ce coup de coeur inclassable, associé à un étonnant sentimentalisme, et qui, dans ce registre, ne ressemble à aucune autre.

S'il s'inscrit parfaitement dans ces fins en forme d'explosion grandiloquente dans lesquelles Russell T. Davies excelle, ce n'est pas vraiment pour cet énième sauvetage de la Terre que Doomsday reste dans les mémoires. Cette conclusion parachève en fait toute la construction narrative d'une saison 2 entièrement tournée vers cette déchirure annoncée entre Rose et Ten. Car c'est aussi parce que les scénaristes en avaient méticuleusement posé les jalons, cultivant l'insouciance d'une relation qui ne pouvait pas être, que l'épisode put atteindre cette unique intensité bouleversante. Or, ce tourbillon émotionnel ainsi suscité reflète bien un des atouts majeurs de Doctor Who, la raison pour laquelle, au-delà de la qualité des scénarios, cette série est capable de toucher et de marquer tant de téléspectateurs : son unicité repose sur cette empathie hors du commun qu'elle est capable de générer.

Army of Ghosts et Doomsday incarnent en bien des points du pur Doctor Who version Russell T. Davies, dans ses forces et attraits comme dans certaines de ses limites. Mais cette conclusion est avant tout une de ces décharges émotionnelles qui marque. Un moment rare, d'osmose et de communion devant le petit écran, comme la téléphagie n'en offre finalement pas tant que ça, et qui se savoure et se chérit.

 

Le thème musical, inoubliable, de ce final :

 

Les adieux entre Ten et Rose :

23/10/2010

[TV Meme] Day 10. A show you thought you wouldn’t like but ended up loving.

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Babylon 5
(1993 - 1998)

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Babylon 5 est une de mes séries, si ce n'est ma série, de science-fiction préférée, occupant une place de choix dans mon coeur, qu'elle partage avec Farscape. Pourtant rien n'était gagné a priori. Si j'ai toujours aimé la science-fiction, la diffusion fort discrète des fictions de ce genre en France fit que c'est plutôt grâce aux livres et aux films que j'ai d'abord pu répondre à cet appel des étoiles. Les grandes séries phares entrant dans cette catégorie, je les ai d'abord rêvées, dévorant les articles en parlant, avant de pouvoir (enfin) les découvrir de mes yeux. Si bien que c'est avec une bonne décennie de retard qu'il y a quelques années j'ai entrepris de vastes opérations de rattrapage téléphagique et que j'ai enfin pu me ruiner en investissant dans l'intégrale DVD de Babylon 5 (lesquels, à la différence de Farscape ne sont pas plaqués or).

Les obstacles au visionnage des grandes space-opera antérieurs aux années 2000 se révélèrent multiples pour la téléspectatrice de la seconde moitié des années 2000 que j'étais, qui regardait déjà de façon hebdomadaire la dernière nouveauté de l'espace, Battlestar Galactica, avec tous les nouveaux codes qu'elle avait pu introduire dans le genre. C'est là le danger de découvrir a posteriori ce type de séries : quoiqu'on en dise, au-delà même des effets spéciaux, c'est l'ensemble des effets visuels et narratifs qui a vieilli pour le regard du téléspectateur moderne. En téléphage organisée, après le rattrapage de Farscape, je m'étais fixée deux objectifs précis : commencer à remonter le temps en passant dans la décennie précédente avec deux morceaux de choix, Babylon 5 et Star Trek, en débutant cette dernière franchise par Deep Space Nine. C'est peu dire que le premier contact avec les années 90 fut difficile. Le visionnage de la saison 1 de ST:Deep Space Nine n'est à ce jour toujours pas fini (au rythme où je vais, disons que je suis confiante de le boucler d'ici 2020). Et j'avais laissé traîner plus de 6 mois entre le pilote de Babylon 5 et mon entame de la saison 1... que je mis encore plus d'un an à terminer. C'est en fait au tournant de la deuxième saison que s'opéra un premier déclic. Comme si l'introduction et l'exposé du contexte se terminaient pour rentrer enfin dans le coeur du sujet. Mon intérêt est ensuite allé crescendo, m'emportant vers ces rares sommets d'extase et de jubilation téléphagiques, culminant durant les magistrales saisons 3 et 4 - pour lesquelles 15 jours me suffirent.

En résumé, je n'ai jamais connu de débuts si difficiles avec une série pour achever son visionnage en l'ayant autant aimée. Après avoir vu le pilote, je n'aurais jamais pensé y adhérer vraiment, encore moins la savourer à ce point. 

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Parce que si Babylon 5 n'est pas exempte de défauts, elle constitue et reste un chef d'oeuvre mythologique comme la télévision réussit à en proposer au final fort peu d'aussi bien maîtrisé et construit. Si son visuel et ses codes scénaristiques ont pu vieillir, il y a quelque chose d'intemporel, de profondément universel, dans l'histoire qui nous est relatée. En cinq saisons, dont la première fait figure d'introduction et la dernière de semi-addendum, elle nous narre l'entrée symbolique de l'humanité dans une nouvelle ère, un nouvel Âge, synonyme de maturité et de nouveaux accomplissements.

La force de Babylon 5 réside avant tout dans la richesse de l'univers re-créé. Le téléspectateur assiste fasciné à l'accomplissement d'une histoire qui semble déjà écrite, faisant de ses personnages des héros de tragédie antique, ployant sous le poids d'enjeux qui les dépassent. Au fil des saisons, les forces réellement à l'oeuvre, vertigineuses, se dévoilent peu à peu. C'est une fresque épique, ayant sa propre logique et perspective, qui s'écrit sous nos yeux. Quel plaisir de savourer la construction d'une mythologie maîtrisée par des scénaristes qui savent parfaitement où ils vont. Nulle promesse non tenue. Les rêves prémonitoires, les prophéties obscures et les déclarations clairvoyantes parsèment la série, comme autant de fragiles indices, de pièces disséminées d'un puzzle trop vaste pour que l'on en saisisse immédiatement la portée, mais qui s'assemble progressivement. Le futur s'écrit dans l'inévitabilité des parcours funestes de protagonistes auxquels semble échapper tout libre-arbitre. Derrière l'immutabilité de cette prédestination aux accents tragédiens, c'est le souffle de l'Histoire en marche qui porte cette épopée et happe un téléspectateur à la fascination grandissante. Le final de la saison 4, par l'aperçu historiographique qu'il propose, prouve bien à quel niveau narratif Babylon 5 aspire.

Certes, tout ne fut pas parfait. Globalement, la série bénéficie d'une relative innocence, voire naïveté, d'écriture qui la conduit à embrasser des canons narratifs très traditionnels. Pour autant, elle porte aussi incontestablement la marque des grandes séries. Au cours de cette plongée dans la diplomatie et la géopolitique intergalactiques, elle abordera avec une subtilité grandissante, des thématiques d'éthiques et de politiques, exploitant pleinement la liberté que lui octroie son cadre de science-fiction. Si ses figures centrales renvoient l'aura rayonnante des héros des anciennes mythologies, ce n'est pas une série manichéenne. S'attachant à progressivement nuancer les portraits qu'elle dressera, Babylon 5 est une de ces séries capables de grandir et de mûrir avec ses personnages. Les chemins parcourus respectivement par G'Kar et Londo resteront pour moi comme un symbole fascinant de cet équilibre fragile, à la fois riche et complexe, auquel parvint cette fiction.


Babylon 5 est une de ces grandes séries au visionnage indispensable. Je ne répèterai jamais assez combien je suis heureuse de m'être entêtée après un premier contact difficile. Dans le cas contraire, je serais vraiment passée à côté d'une expérience mythologique incontournable.

 

Le générique de la saison 4 :


Un rappel en musique de cette saison 4 :